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Terre Cuite

Un nombre croissant d'architectes utilise aujourd'hui les matériaux Terre Cuite.
Que ce soit pour l'élévation mais aussi la décoration de leurs bâtis, Anne, Isabel & Alain ont choisi la Terre Cuite. Ils décryptent avec nous cette tendance et nous parlent de leur expérience.

Un nombre croissant d'architectes utilise aujourd'hui les matériaux terre cuite pour l'élévation mais aussi la décoration de leurs bâtis. Anne, Isabel & Alain décryptent avec nous cette tendance et nous parlent de leur expérience.
Bonjour ! Pouvez-nous parler un peu de vous, de votre agence ?

ANNE : Bonjour. Je m'appelle Anne Tessier, je suis architecte urbaniste à Paris dans une structure que j'ai créée qui s'appelle « L'atelier Anne Tessier ».

ISABEL : Bonjour. Je suis Isabel van Haute. Je suis architecte belge. Je suis directrice artistique pour l'agence Coldefy & associés – architectes-urbanistes. Nous sommes une jeune agence installée principalement à Lille et on a des petites antennes à Cambrai, Paris et Hong-Kong.

ALAIN : Je me présente : Alain Grima, architecte. Je suis associé à Laurent Gouwy et Jean-Luc Rames et nous sommes connus dans le milieu des architectes sous le terme « GGR Architectes ». Nous sommes 12 avec nos collaborateurs, tous passionnés par ce métier qu'est l'architecture.

ISABEL : On travaille non seulement sur les maisons individuelles mais aussi sur des bâtiments tertiaires, des grands ensembles scolaires et des grands ensembles pour les logements.

ANNE : Je fais beaucoup d'éco-quartiers, des éco-quartiers dans lesquels on va trouver des maisons individuelles, des maisons de ville et dans le cadre de ces éco-quartiers, je vais préconiser des matériaux qui vont être favorables à l'environnement.

Pouvez-vous nous parler de votre démarche, de la philosophie de votre agence ?

ALAIN : La philosophie de notre agence, c'est la recherche de la simplicité et de l'efficacité.

ANNE : Dans mes projets, il faut prendre en compte un bon nombre de paramètres. Il faut prendre en compte le site, avec ses données environnementales, la gestion des eaux pluviales, la gestion des matériaux, de l'énergie, les déplacements… Et il faut prendre en compte, surtout, les gens. Je travaille donc beaucoup en concertation avec les élus, avec les habitants… Une fois que j'ai toutes les données en main, je commence à réfléchir, je commence seulement à dessiner parce que je sais dans quelle direction il faut aller.

ALAIN : L'architecture, c'est aussi quelque chose qui suscite l'émotion. L'architecture, elle est faite pour les hommes.

ISABEL : Nous avons une sorte de processus qu'on retrouve dans chaque projet, qui est constitué de quatre pôles. Le premier, c'est un pôle assez personnel dans lequel on amène tous, dans une phase de brainstorming, des infos personnelles qu'on trouve appropriées pour le projet. En deuxième, on analyse le programme, c'est-à-dire, les exigences des habitants, les fonctionnalités des bâtiments. En troisième, on analyse le site et l'environnement proche du futur bâtiment, mais on regarde aussi à une échelle plus grande pour bien comprendre où se trouvent le site et les flux, etc… Et en quatrième : les exigences réglementaires. En fait, ces quatre pôles, pour nous, constituent vraiment un projet : on les mélange et c'est ce mélange des quatre pôles qui, en fait, détermine si un projet se dirige dans un sens ou dans un autre.

ALAIN : L'architecture, elle doit aussi être pérenne. Quand on était jeune, on se disait que, quand on serait un peu plus âgé, quand on repasserait devant nos projets, il faudrait qu'on soit fier de ce qu'ils sont devenus. Une architecture pérenne et un peu « anti-mode », une architecture qui ait du fond !

Pourquoi utiliser la terre cuite dans vos projets ? Quels sont ses avantages ?

ISABEL : Nous aimons bien travailler avec parce que c'est un matériau qui existe depuis longtemps. Donc les gens sont assez familiers avec la terre cuite. On trouve qu'il y a une certaine connotation un peu domestique. Pour les gens, c'est un matériau assez proche.

ALAIN : C'est un matériau moderne, aussi. Millénaire et moderne à la fois. C'est cette ambivalence qui me plaît. D'ailleurs les jeunes architectes ne s'y trompent pas et je pense qu'il y a de plus en plus d'intérêt pour ce matériau.

ANNE : La brique et la tuile, je les connais depuis que je suis enfant. Je les ai redécouverts, justement, dans ma pratique d'urbaniste et surtout parce qu'ils ont évolué. C'est-à-dire que je préconise assez facilement la brique Monomur qui a des qualités formidables, à la fois, de durabilité mais qui est aussi un matériau très isolant et qui résout très efficacement les problèmes de ponts thermiques.

ALAIN : Ce matériau, nous, on a l'habitude de l'utiliser parce qu'on a commencé notre école d'architecture en 1973, au moment du 1er choc pétrolier. Et, par conséquent, la première économie d'énergie, c'est celle qu'on ne consomme pas. Donc on construit beaucoup en double mur et, pour nous, la brique, ce n'est pas un élément pastiche, une plaquette, c'est un élément construit, elle a sa fonction.

ISABEL : La terre cuite est également un matériau durable. Pour les maitres d'ouvrage, c'est intéressant dans le sens où c'est assez économique : quand il y a une tuile de cassée, c'est assez facile à changer.

ANNE : J'aime beaucoup aussi tous les matériaux de parement parce que je sais qu'ils vont être durables : ils sont beaux et ils sont durables.

ISABEL : En plus, comme la terre cuite se présente dans plusieurs textures, plusieurs coloris, il est possible, si on le souhaite, de créer un jeu de juxtaposition de plusieurs teintes, mat, brillant… On peut créer un jeu de brillance, un jeu d'éclat, qui peut vraiment donner un effet particulier.

ALAIN : Je trouve qu'il y a un rapport au terroir, à la cuisine, à la couleur... Le joint, dans la brique, est important, c'est un peu comme la sauce dans un plat.

ISABEL : Ce matériau est intéressant pour nous, dans le sens où notre agence aime bien travailler les bâtiments un peu monolithiques. On n'aime pas la juxtaposition de plusieurs matériaux différents. Et c'est vrai que la terre cuite permet, par exemple, d'avoir un traitement toiture qui, ensuite, descend sur la façade.

En quelques mots, la maison terre cuite, c'est ?

ALAIN : Qui s'intègre dans son environnement, qui permet une architecture contemporaine, une évidence.

ANNE : La beauté du matériau, l'environnement.

ISABEL : Esthétique.

Alors, la terre cuite un peu... beaucoup... passionnément ?

ANNE : Beaucoup, vraiment beaucoup !

ALAIN : Passionnément !

ISABEL : Bon, ben moi, je suis belge. Donc, comme l'expression belge dit : »ils ont la brique dans le ventre », donc je pense qu'on peut dire que je l'ai dans le sang.

ANNE : Il ne faut pas être monomaniaque bien sûr et ne pas utiliser un seul matériau en toutes circonstances mais, la plupart du temps, la terre cuite apporte les bonnes solutions.